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mardi 6 mars 2012

Une féministe autoproclamée : Anne Sinclair invitée le 8 mars à la "Grande Librairie"

Anne Sinclair et le féminisme autoproclamé

Dans un entretien publié lundi dans le Parisien, Anne Sinclair évoque la sortie de sa biographie, 21 rue de la Boétie, et revient sur l’affaire du Sofitel de New York et notamment son traitement médiatique. Elle y accuse les medias d’avoir « franchi les limites du voyeurisme et de l’inquisition".

Les féministes autoproclamées

Dans cet entretien, elle affirme que « Comme dans toute société en crise, on assiste à un repli. Les gens ont peur de l’avenir. D’où une tendance plus moralisatrice. Les mots eux-mêmes se détournent de leur sens, comme celui de féminisme. Le féminisme, c’est la lutte pour la liberté des femmes. Des féministes autoproclamées ont transformé cela en machine d’interpellation pour dicter à chacun comment il fallait vivre. »

Elle avait tenu des propos presque similaires le 20 janvier dans une interview accordée au magazine « ELLE ».

« Je voudrais dire que moi aussi j’ai ressenti une grande violence quand quelques féministes autoproclamées se sont déchaînées contre moi. Leurs outrances ne fondent pas une vérité. Je suis féministe, je l’ai toujours été, je le serai toujours. »

En lisant ces propos réitérés et relayés par la presse en chœur , on ne peut manquer de remarquer qu’Anne Sinclair vient elle-même, par ces propos, de s’autoproclamer féministe. A tort, si on se souvient qu’elle a couvert , approuvé et défendu son époux en comparant l’affaire DSK avec l’affaire Dreyfus.

Toujours dans cet entretien accordé au magazine « ELLE » le 20 janvier, elle le défendait à mots couverts, sous prétexte qu’il n’y avait pas eu « violence » dans l’affaire Nafissatou Diallo.

Extrait des propos d’Anne Sinclair : « C’est inacceptable pour moi d’entendre cela parce qu’il n’y a pas eu de violence. S’il y en avait eu, les procureurs auraient poursuivi. Ils ne l’ont pas fait. C’est donc un terme que je refuse absolument. La violence me fait horreur. La violence verbale aussi »

La violence ne suffit pas à caractériser un comportement inacceptable envers les femmes

Erreur de raisonnement et ignorance de la loi. La violence physique seule ne peut suffire à qualifier un comportement inacceptable envers les femmes. Sinon, il n’y aurait plus qu’à abroger les lois sur le harcèlement sexuel et moral.

Exemple : le harcèlement sexuel est sanctionné par l’art 222.33 du code pénal qui le définit comme « un ensemble de gestes, d'attitudes, de paroles ayant une connotation sexuelle et susceptibles de porter atteinte à la dignité d'une personne devenant alors victime et voyant sa dignité, son intégrité morale et physique atteintes »

Nul besoin de violence physique pour que cela soit répréhensible. Dans les entreprises, un comportement caractérisant un harcèlement sexuel, sanctionné également par le code du travail n’est quasiment jamais assorti de violence physique.

Et c'est le type de raisonnement qu'exprime Anne Sinclair, qui en minimisant les comportements abusifs, font que la violence- physique ou psychologique – envers les femmes ne s’émousse pas.

Elle oublie - ou refuse de voir - le portrait de son époux qu’esquissent toutes les affaires pendantes dans lesquelles il est mis en cause, que la justice ait statuté ou pas. Il ne s’agit plus de fumée à ce stade… Elle persiste à attribuer les blessures de son orgueil à d’autres que celui dont le comportement ne l’a, d’abord, pas respectée, elle.

Les chiffres qui parlent

1 femme sur 10 est victime de violence et seulement 1 sur 9 porte plainte.

Violences au travail

1 femme sur 6 se plaint de pressions psychologiques et 8,5% d’agressions Verbales. Les écarts de salaires homme/femme sont de 11% (rémunération horaire brute – 2006 – Eurostat)

260 000 femmes ont été victimes de violences sexuelles hors ménage.

130 000 femmes ont été victimes de viols (2005/2006 Rapport sur la criminalité en France OND 2007).

Mutilations sexuelles

55 000 femmes mutilées vivent en France (1 femme sur 3 est concernée sur le continent Africain, soit 130 millions de femmes).

Mariages forcés

70 000 adolescentes entre 10 et 18 ans sont potentiellement menacées de mariage forcé (en Ile-de-France et dans 6 départements d’après le GAMS)

Violences conjugales

140 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint (2009). 232 suicides de victimes de violences conjugales (2009). 60% des enfants témoins de violences conjugales souffrent de stress post-traumatique (2009). 330 000 femmes ont subi coups et violences de leur conjoint (entre 2006 et 2008). Source : CODIF dossiers thématiques 27 “les violences envers les femmes”

Le 8 mars : les féministes autoproclamées à l’honneur

Le 8 mars sera célébrée comme tous les ans la « journée internationale de la femme ». Nous sommes dans le symbole, car d’année en année, rien ne change. C’est l’occasion pour le CIDFF (Centre d’informations sur les droits des femmes et des familles) et ses partenaires associatifs et institutionnels de se mettre en quatre pour célébrer les femmes. Ce sera l’occasion d’attirer l’attention sur les problématiques qu’elles rencontrent au quotidien. Le thème : « Le sexisme, où en sont les femmes ? ».

Le même jour, Anne Sinclair sera présente sur le plateau de La Grande Librairie sur France 5 pour présenter son nouveau livre, 21 rue de la Boétie. Il s’agira de sa première interview télévisée depuis l’affaire DSK.

Mais quel lien, me direz-vous ? Celui du symbole. Le symbole d’une société qui ne sait pas tirer les leçons de ses erreurs. Un lapsus sociologique, un de plus.

Qu’Anne Sinclair soit invitée le soir du 8 mars sur « La Grande Librairie » risque d’être amer pour de nombreuses femmes agressées ou violentées, et pour lesquelles, depuis le 15 mai 2011, elles ne l’ont pas entendue dire un mot, sauf pour défendre son époux.

par kali (son site) mardi 6 mars 2012

Sur Agoravox

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