ANgrywOmeNYMOUS


vendredi 30 mars 2012

Le révérend Bernard et Nafissatou Diallo

Alors que la première audience du procès civil de ­Dominique Strauss-Kahn vient d’avoir lieu et qu’il est mis en examen dans l’affaire du Carlton de Lille, un personnage clé de l’affaire témoigne. Son nom : le révérend Alfonso Rogelio (A.R.) Bernard. Pendant l’été, il a accueilli la victime présumée de DSK, Nafissatou Diallo. C’est dans son église, le Christian Cultural Center, que celle-ci a tenu sa conférence de presse, le 28 juillet. En exclusivité pour Match, il lève le voile sur la vie de Nafissatou depuis le début de l’affaire.

Paris Match. Où habitait Nafissatou pendant qu’elle était sous votre protection ?
Révérend Bernard. Dans différents endroits, à Brooklyn et à Long Island, entre autres. Elle a déménagé à plusieurs reprises pour raisons de sécurité.

A quoi ressemblaient ces logements ?
C’étaient des appartements confortables, où elle pouvait prendre l’air sur un balcon sans qu’on la voie. Elle vivait sous protection rapprochée 24 heures sur 24. Mon personnel de sécurité veillait sur elle et était mobilisable à tout moment. En l’occurrence, il a été très efficace.

Que faisait-elle ?
Elle vivait avec sa fille, coupée de tout. Il n’y avait que son frère et sa sœur qui avaient des contacts téléphoniques avec elle, ainsi que quelques rares amis. Mais mes employés ont tout fait pour qu’elle ne déprime pas. Des liens se sont noués.

Comment allait-elle ?
Elle a passé un été difficile. Il y a eu des hauts et des bas. Heureusement, la fille et la mère sont liées par une forte complicité. Quand l’une ne va pas bien, l’autre lui remonte le moral, et réciproquement.

Sortait-elle de temps en temps ?
Rarement, et uniquement dans des restaurants “sûrs”, c’est-à-dire proches du lieu où elle résidait, perdus au milieu de nulle part et, surtout, gérés par des gens de confiance.

“Je suis convaincu qu'elle est sincère”

Pourquoi l’avez-vous logé, nourri et protégé ?
Au nom de la justice. En juillet dernier, le District ­Attorney (procureur) de New York a fait savoir à son ­avocat Kenneth Thompson qu’il n’assurerait plus sa protection. Il n’était pas question qu’elle rentre chez elle dans le Bronx, elle aurait été harcelée. La communauté noire s’est mobilisée et est venue me voir. Elle allait sombrer et nous ne voulions pas nous sentir coupables...

Nafissatou est-elle sincère ?
J’en suis convaincu. Je l’ai rencontrée pour la première fois avant sa conférence de presse du 28 juillet dernier, dans mon église. Elle était fragile, mais m’a décrit de manière très détaillée la scène du Sofitel. Puis nous avons eu une conversation intime, avec un traducteur anglo-peul (sa langue d’origine) pour qu’elle puisse exprimer sans filtre ce qu’elle avait sur le cœur. Nous avons prié ensemble.

Vous êtes chrétien, elle est musulmane. N’est-ce pas un peu bizarre de la soutenir ?
Entre sa foi et la mienne, il y a des points communs. Un dimanche, Nafissatou a voulu assister à la messe dans mon église. Cela n’a pas été possible pour des raisons de sécurité. Mais je suis sûr qu’elle viendra, plus tard, quand les choses seront apaisées.

Où est-elle aujourd’hui ?
Dans un lieu secret. A la fin de l’été, au moment de la rentrée des classes, elle a souhaité partir pour permettre à sa fille de reprendre l’école. C’était prévu comme ça dès l’origine : notre aide était temporaire. On l’a aidée à s’installer. Aujourd’hui, elle reprend une vie à peu près normale, grâce à son salaire du Sofitel où elle est toujours en congé maladie.

L’avez-vous revue depuis ?
Oui. Elle a toujours mal à l’épaule, souffre d’être considérée comme une menteuse par certains, n’a pas tous les jours le moral. Mais elle va mieux, et je suis fier de l’avoir aidée.Point final

Sur ParisMatch.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire