ANgrywOmeNYMOUS


dimanche 18 mars 2012

Arrêtons d'ajouter le crime au crime 2

#RIPAmina, plus jamais cela!


Un drame vient de se produire en notre beau pays le Maroc, 48 heures après la célébration du 8 mars, journée de la Femme, dans l’indifférence, le silence et la neutralité-complicité (passive, certes), de tous.

N’eût été la twittoma, ce réseau social sur Internet de Marocains et Marocaines prompts à réagir à l’injustice, parfois même à l’excès, le martyre d’Amina, violée à 15 ans, (la fleur de l’adolescence! ), forcée d’épouser son violeur et qui a préféré la mort à cette union forcée avec une brute épaisse que la loi a transformée en mari, l’affaire aurait été enterrée, comme la dépouille de cette malheureuse.

Amina El Filali, puisque c’est le nom de la défunte, a été violée il y a une année environ par un individu de 10 ans son aîné. Pour éviter l’opprobre et les commérages publics, sa famille a préféré la donner en mariage à son violeur, lequel, selon la loi, a la faculté de se transformer en mari pour éviter la prison.

Mais Amina, qui a vécu une année sous le toit de son bourreau, n’avait sans doute plus rien à attendre de la vie. Elle a donc choisi, samedi dernier, de mettre fin à ses jours en absorbant du poison, et selon un confrère de la presse nationale, Al Massae, elle aurait été battue par son « époux » alors qu’elle était en train d’agoniser !

Voilà, ce qui peut arriver à toute jeune fille, innocente comme Amina, âgée de quinze ans à peine au moment de son viol, dans ce Maroc du vingt et unième siècle, où une nouvelle Constitution, votée à 90 % par le peuple marocain le 1er juillet dernier, proclame l’égalité des genres.

L’arsenal juridique marocain est rédigé de telle manière qu’un individu auteur d’un viol, sur mineure de surcroît, peut échapper à tout châtiment, en épousant sa victime ! Et, trop souvent, la famille, qui craint le qu’en-dira-t-on, accepte l’union scandaleuse pour faire taire les commérages et sauver sa réputation…

Les textes qui permettent cette légalisation a posteriori d’un acte abject, immonde, criminel ne devraient plus faire partie de notre corpus de lois. Il est tout à fait inadmissible, en effet, que l’usage et la pratique courante dans les prétoires « acceptent » voire même peuvent recommander à la famille d’une mineure violée, que l’auteur d’un tel acte se transforme en un époux innocent, alors que le Code pénal prévoit jusqu’à 20 années de prison pour un viol ou une tentative de viol commis avec violence sur un mineur ! Trois articles du Code pénal traitent des questions de viol, mais aucun ne permet de punir comme il se doit le coupable qui peut « se racheter » en tout impunité donc.

Article 475 : (modifié, art. 1er de la loi n°24-03 promulguée par le dahir n°1-03 -207 du 11 novembre 2003 – 16 ramadan 1424 ; B.O. du 15 janvier 2004) Quiconque, sans violences, menaces ou fraudes, enlève ou détourne, ou tente d’enlever ou de détourner, un mineur de moins de dix-huit ans, est puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 120 à 500 dirhams.

Lorsqu’une mineure nubile ainsi enlevée ou détournée a épousé son ravisseur, celui- ci ne peut être poursuivi que sur la plainte des personnes ayant qualité pour demander l’annulation du mariage et ne peut être condamné qu’après que cette annulation du mariage a été prononcée.

Article 485 : (complété, art. 2 de la loi n°24-03 promulguée par le dahir n°1-03-207 du 11 novembre 2003 – 16 ramadan 1424 ; B.O. du 15 janvier 2004) Est puni de la réclusion de cinq à dix ans tout attentat à la pudeur consommé ou tenté avec violences contre des personnes de l’un ou de l’autre sexe.

Toutefois si le crime a été commis sur la personne d’un enfant de moins de dix-huit ans, d’un incapable, d’un handicapé, ou sur une personne connue pour ses capacités mentales faibles, le coupable est puni de la réclusion de dix à vingt ans.

Article 486 : (complété, art. 2 de la loi n°24-03 promulguée par le dahir n°1-03-207 du 11 novembre 2003 – 16 ramadan 1424 ; B.O. du 15 janvier 2004) Le viol est l’acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci. Il est puni de la réclusion de cinq à dix ans.

Toutefois si le viol a été commis sur la personne d’une mineure de moins de dix-huit ans, d’une incapable, d’une handicapée, d’une personne connue par ses facultés mentales faibles, ou d’une femme enceinte, la peine est la réclusion de dix à vingt ans.

On ne peut tolérer plus avant que la Femme marocaine soit ainsi emprisonnée et doublement meurtrie parce que le Code pénal comporte des lacunes graves. Meurtrie dans sa chair et son âme par un viol, meurtrie jusqu’à la fin de ses jours par la promiscuité légale que lui imposent ses proches avec un violeur.

Le drame de Amina El Filali ne doit pas faire l’objet d’oubli ou de pardon. L’auteur de cet acte devrait être poursuivi et les parents de la défunte encouragés à porter plainte pour viol afin qu’il soit puni comme le prévoit la Loi. Mais surtout, que nos parlementaires, et notamment les élues, se mettent devoir de déposer un projet de loi qui interdirait à tout violeur la possibilité d’échapper à un juste châtiment en épousant celle qu’il aura délibérément détruite !

Si aujourd’hui, le viol est sévèrement condamné dans les démocraties modernes, si l’ignominie et la honte ont changé de camp, si les femmes osent enfin dénoncer un viol, c’est parce que la société, la loi et les hommes ont fini par reconnaitre cela comme un crime.

Le Maroc, qui se targue de modernité, de respect de la Femme, se doit d’emprunter le plus vite cette voie, pour que Amina ne soit pas morte en vain.

Plus jamais cela !

Fahd Yata

Sur La nouvelle T.com

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