ANgrywOmeNYMOUS


dimanche 13 novembre 2011

ELLE sur l'affaire DSK

ELLE et la guerre des sexes !

11.11.2011 à 10:11

Blanche-Neige fait la guerre des sexes ?

Voila un article tout trouvé pour la nouvelle catégorie de mon sommaire : manipulation anti-féministe et faux féminisme.

ELLE s’était déjà fait remarquer récemment avec le fameux édito pro-Mademoiselle d’Alix Girod de l’Ain. Mais là, le magazine va plus loin : il donne une illustration extraordinaire à mon article « Renversement ».

-Ca commence avec le titre, qui se suffit à lui-même : Machistes-contre-feministes-c-est-reparti-pour-la-guerre-des-sexes ?( et je précise tout de suite qu’il y a un article réponse à celui-ci, où ELLE a donné la parole à Thalia Breton d’OLF…« le concept de guerre des sexes est une imposture ». Mais tout est dans la rédaction du premier, l’autre n’étant qu’une « réaction »…)

Déjà, comparer machistes et féministes, c’est absurde, puisque le machisme est le sexisme des hommes profitant d’une position hiérarchique supérieure et en faisant une « supériorité » naturelle. Se traduit au quotidien par le meurtre, le viol, l’exploitation économique et ménagère faite à des millions de femmes à travers le monde. Alors que le féminisme est juste la revendication politique du renversement du système de domination, non pas pour que les unes dominent les uns, mais pour qu’enfin, chaque individu de tout sexe, origine, classe… puisse avoir les mêmes droits. C’est donc une utopie de Liberté, égalité, humanité, rejointe par les théories économiques d’Amartya Sen sur le développement humain.

Déjà donc, le titre pourrait figurer en tête d’un « Backlash », ce livre majeur de Susan Faludi qui explique comment les média déforment la réalité du combat féministe et pour l’égalité, aidant ainsi le système à se maintenir.

-Ca continue avec le « chapeau », ces quelques lignes d’introduction de l’article :

« Depuis les années 1970, hommes et femmes vivaient en harmonie, ou presque. Et voilà que l’affaire DSK a tout chamboulé : les propos sexistes ont fusé et les réactions épidermiques des féministes n’ont pas tardé. Des tensions conjoncturelles ou les signes d’une incompréhension éternelle ? Enquête. »

D’où ELLE nous sort-il que hommes et femmes vivaient en harmonie ou presque ? A ELLE, on ne connaît pas les rapports sur les violences, les chiffres des inégalités économiques et des inégalités domestiques ? Est-ce qu’on y vit encore dans le « monde merveilleux » de Walt Disney où les princesses se font bELLE en attendant le prince charmant (mais c’est vrai que les magazines féminins, ça n’est rien d’autre que cela ;-) ) ?

Les propos sexistes ont fusé, certes, et les réactions épidermiques des féministes aussi. Enfin, épidermique, je ne sais pas pourquoi, plutôt politique, en colère,etc….mais ELLE aurait-elle préféré que les féministes disent : oh! les pauvres hommes, pour dire des choses pareilles, c’est qu’ils doivent avoir bien des soucis ! Aidons-les, écoutons-les, allons voir si leur maman a été gentille dans leur enfance ? Parce que c’est ça qu’une bonne demoiselle doit faire ?

-Bon, mais je n’ai même pas encore commencé le contenu de l’article…

La question posée par le magazine qui fait intervenir Sophie Marinopoulos, tiens comme par hasard, psychanalyste, est celle-là :

« la France a vu resurgir de son inconscient refoulé une avalanche de propos machistes auxquels de nombreuses femmes se sont vertement opposées. De quoi relancer la guerre des sexes ? «

A votre avis, c’est le fait que des femmes s’opposent vertement à une avalanche de propos machistes qui déclencherait une guerre des sexes ? Ou est-ce encore une fois de la pure manipulation rhétorique visant à rappeler les femmes à leur devoir : fais-toi agresser, mais surtout ne te défends pas. Sois violée, mais ne porte pas plainte, on ne te croira pas, et on t’accusera d’en vouloir aux hommes. Meurs, et alors on te reconnaîtra comme une victime d’un détraqué, pas d’une société qui l’encourage. Et surtout, tais-toi !

Ainsi, selon Marinopoulos, l’affaire DSK aurait ressorti les laideurs des hommes et des femmes, les féministes font fausse route (tiens, ça me rappelle quelqu’un) en réagissant. Leur féminisme devrait selon elle être pour les droits des femmes (mais bien sûr, elle ne doit pas savoir ce que font au quotidien les associations féministes pour les droits des femmes, puisque les média n’en parlent pas…), et non pas « en réaction ».

Suit cette interrogation qui montre l’androcentrisme absolu de l’auteure : « Que veulent les femmes avec les hommes ? Qu’ils soient des femmes comme les autres ? Qu’ils les fassent jouir comme des hommes, mais qu’ils leur parlent comme des femmes ?

NON, madame, les femmes ne veulent pas que les hommes soient des femmes, ne veulent pas qu’ils les fassent jouir comme des hommes (mais peut-être plutôt comme des femmes ;-) . La seule chose que nous demandons aux hommes, c’est qu’ils se comportent comme des êtres humains, qu’il ne prennent pas les femmes pour des objets sexuels ou de défouloir de leurs traumatismes. Et quel est le rapport entre faire jouir comme des hommes et parler comme des femmes ? Certain-es psychanalystes n’ont donc toujours rien compris à la sexualité et au désir ? S’il s’agit d’un rapport de force entre deux êtres, c’est de la violence ! Si c’est de l’échange/partage de désir, cela peut devenir de la sexualité…

Mais le pire est à venir :

« Derrière la montée en puissance d’un sexisme tel qu’il devient un racisme pour l’autre sexe – avec, d’une part, des femmes qui ne voient en l’homme qu’un pervers narcissique et, d’autre part, des hommes qui ne voient en la femme qu’une hystérique malsaine – fermente la haine de la différence des sexes. »«

Revoici L’homme et La femme. Donc, le racisme pour l’autre sexe, c’est la faute des féministes qui voient en l’homme un pervers narcissique. On analyse ici un propos politique systémique de la société de domination masculine en affirmant que l’individu-e féministe verrait des pervers narcissiques partout…Et encore une fois, on prétend que le racisme pour l’autre sexe est tout récent, que le fait que des « hommes ne voient en la femme qu’une hystérique malsaine » est bien la faute de femmes. « Hystérique malsaine », cela fait juste deux siècles que le système patriarcal, bien obligé de reconnaître qu’il n’y a pas de différence entre femmes et hommes au-delà d’un plus petit dénominateur non commun d’ordre biologique, essaie de placer à tout prix dans l’utérus, l’origine du « malsain » -et cela fait des millénaires que les religions le placent dans le féminin avec le sang des règles.

Et visiblement, ne vient pas à l’idée de cette psy que la haine des femmes, c’est plutôt tous les jours qu’elle se traduit dans, et je recommence, les centaines de millions de femmes battues, violées, exploitées, empêchées de vivre une vie d’être humain…

Le pot aux roses ;-) se dévoile à la fin : Dans une société qui tendrait à vouloir effacer la différence entre les sexes et les générations, hommes et femmes seraient complètement perdus, prêts à verser dans la caricature (macho viril contre femme objet), « pris dans un dialogue de sourds ». Et, de l’incompréhension à la guerre, il n’y a qu’un pas.

Ah oui, la fameuse peur de ne plus distinguer hommes et femmes, que le vêtement, la coiffure, la nourriture, etc… ont mis tant d’efforts à rendre visible…Sûr que c’est un dialogue de sourds. Car quand les femmes sont violées, meurent, le système patriarcal s’arrange très bien pour faire la sourde oreille…mais quand elles ne se taisent pas (ce qui bien sûr est la clé de l’harmonie patriarcale), alors, il sait très bien accuser les féministes de vouloir la guerre des sexes !

Sandrine GOLDSCHMIDT

(Ah, et je n’ai pas mentionné la photo, je vous la laisse découvrir…)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire