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jeudi 20 octobre 2011

Koubbi ne s'occupera plus de victimes d'agression sexuelle, c'est trop dur

David Koubbi dans son cabinet parisien . L'avocat de Tristane Banon estime que «de nombreuses contradictions sont restées sans réponse».
David Koubbi dans son cabinet parisien . L'avocat de Tristane Banon estime que «de nombreuses contradictions sont restées sans réponse». Crédits photo : François BOUCHON/Le Figaro

INTERVIEW - «C'est une victoire aux points», explique David Koubbi, son avocat. «Ma cliente voulait que soit reconnu ce qu'elle a subi»

Tristane Banon a annoncé mercredi matin qu'elle ne déposerait pas une nouvelle plainte contre DSK. La jeune écrivaine estime que son statut de victime a été reconnu, «a minima» mais reconnu, et veut aujourd'hui militer pour l'allongement de la durée de prescription des agressions sexuelles. Mercredi matin, sur Canal +, elle a toutefois conseillé à DSK de «faire profil bas». Le PV de l'audition de l'ancien dirigeant du FMI montre plusieurs différences avec le récit des faits présentés par son biographe Michel Taubmann - par exemple sur les relations entre Tristane Banon et la fille de l'homme politique Camille Strauss-Kahn. Dans ses déclarations aux enquêteurs, DSK nie également s'être excusé auprès d'Anne Mansouret, la mère de Tristane Banon contrairement aux nombreuses déclarations de l'élue PS. Alors qu'elle a avoué aux policiers une relation sexuelle avec lui, selon elle, «empreinte de violence», DSK assure qu'il avait avec Anne Mansouret «des relations de nature politique». Interrogé sur des avances faites à une autre femme élue, Aurélie Filippetti, il déclare que la jeune femme faisait partie des élus avec qui il pensait partager «des affinités de nature politique». Dans le même domaine, lorsque les enquêteurs le questionnent sur la réputation de «drague lourde» qui le suit, il répond: «ce n'est pas une déclaration flatteuse, mais je n'ai pas de commentaire à faire».

LE FIGARO. - Tristane Banon a estimé que son statut de victime était reconnu. Malgré le classement de l'affaire, elle a décidé de ne pas déposer de nouvelles plaintes. Peut-on vraiment parler de victoire?

David KOUBBI. - Je visais une victoire par K.-O. Il s'agit là d'une victoire aux points, mais c'est une très belle victoire. Le but de Tristane Banon n'était pas de s'acharner sur DSK mais d'être entendue, que soit reconnu ce qu'elle a subi. Or, je crois qu'aujourd'hui chacun sait quoi penser de cet homme de 55 ans qui a fait venir une jeune journaliste de 22 ans dans un appartement privé. Il y a quelques mois encore cet homme-là était donné pour futur président, et aujourd'hui, le parquet qualifie officiellement les faits qu'il a reconnus d'«agression sexuelle»

Mais faut-il comprendre que désormais, tout homme qui avouerait avoir tenté d'embrasser une femme risque d'être qualifié d'agresseur sexuel?

Pas du tout! C'est effectivement ce que voudraient faire croire les défenseurs de DSK pour minimiser les actes commis par leur client. Certes, les magistrats s'appuient sur les déclarations de DSK, puisqu'il a dit avoir «relâché (son) étreinte» - ce qui suppose un geste de contrainte. Mais un dossier est un tout: si le parquet a parlé d'agression sexuelle dans ce cas, c'est que les propos de Tristane Banon ont été jugés crédibles, que l'enquête a montré que, malgré ses dénégations, DSK avait fixé rendez-vous dans ce qu'il convient bien d'appeler une garçonnière, que de nombreuses contradictions sont restées sans réponse…

Lesquelles?

En réalité, DSK a appliqué la même stratégie en France qu'aux États-Unis face aux accusations de viol de Nafissatou Diallo: minimiser les faits et mentir. Sur TF1, il affirme face à 15 millions de téléspectateurs «Il n'y a pas de rapport médical, juste une simple fiche d'entrée». Mensonge. Il existe bien un rapport médical signé d'un médecin qui constate des blessures chez Nafissatou Diallo. Mensonge, aussi, quand il assure aux policiers avoir rencontré pour la première fois Tristane Banon en compagnie de sa mère dans les locaux de la région. Ou encore quand il déclare que le deuxième rendez-vous lui avait été demandé par Tristane Banon, quand il en prend l'initiative, etc.

N'aviez-vous pas assuré - tout comme les avocats de Nafissatou Diallo - que d'autres femmes allaient se manifester?

Oui, et je regrette que la justice ait traité par le dédain la demande d'anonymisation de témoins que j'ai déposée. Désormais, je réorienterai les femmes qui se sont déclarées auprès de mon cabinet comme étant victimes, si elles le souhaitent, vers d'autres avocats compétents et prêts à en découdre, car je sais l'exercice difficile… Pour moi une autre question reste encore en suspens: qui savait, dans l'entourage de DSK, et pourquoi n'ont-ils rien dit?

Sur Le Figaro.fr

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