ANgrywOmeNYMOUS


samedi 6 août 2011

Le queutard enchaîné

Ou le libertin castré. Ou le charmeur brimé. Ou le chaud-lapin (ajout du 12.8. après avoir pris connaissance du nouveau numéro (pour moi ce serait plutôt un froid-salaud)) Il faut que le Canard enchaîné voit cela en DSK pour traiter l'affaire comme il (ne) la traite (pas directement). Oui, contrairement à l'opinion des féministes délirantes comme ce journal les appelle, DSK est pour le Canard un grand séducteur un peu volage, un peu "queutard", un peu chaud-lapin c'est-à-dire : "qui AIME les femmes", selon le jargon aigrillard de rigueur en France, un homme comme les autres qui a ses faiblesses. Un queutard quelque peu enchaîné désormais, ajouterais-je, à l'instar du journal. Les enfants écoutez-moi bien, DSK n'est rien d'autre qu'une sorte de goinfre du sexe. Point. Il ne faut pas aller chercher plus loin.
D'ailleurs, il faut même être carrément vicieuse ou pas assez, justement, pour penser autrement.
J'aime bien les journaux sans pub et satiriques en général et le Canard enchaîné en particulier, qui est un pilier du journalisme indépendant français. La preuve (que je l'aime) : je l'achète chaque semaine, sans quoi je ne pourrais y découvrir au fil des mois depuis le 14 mai 2011 ce qu'il écrit à propos du sujet qui nous occupe et connaître sa perception des femmes, du viol, du sexe et des affaires de sexisme.

Car sur ces chapitres, il reste affligeant de beaufisme et cela ne va pas en s'arrangeant depuis que l'affaire DSK fait de (grosses) vagues dans le paysage médiatique. C'est même de pire en pire.
Il s'est bien un peu indigné, certes, des "troussage de domestique" et autres "il n'y a pas mort d'homme" que nous a pondu le monde médiatico-politique quand Superman qui devait sauver la France a été vu menotté sur les écrans. "Cachez ces menottes que je ne saurais voir !" ont crié les Tartuffes de la télé UMPiste tout en se passant les images en boucle : tout le monde s'y mettait.
Il a semblé aux mâles dominants du moins, que toute cette histoire aurait du se résumer à un duel PS/UMP bien marrant, surtout qu'il y aurait eu du sexe dans l'affaire (le sexe ça fait français) et au cours duquel le PS aurait pris un coup dans les gencives qu'il n'aurait pas prévu. Voilà tout. Mais les féministes s'en mêlent. Au secours ! Ces castratrices, n'ayons pas peur des mots, qui ne possèdent pas un gramme d'humour, qui ont toujours quelque chose à récriminer prétendent maintenant récupérer l'affaire à leur compte et remettre en question une culture franchouillarde que nous envie le monde entier à commencer par Polanski, d'ailleurs il est venu s'installer directement en France pour en profiter, c'est dire le succès international de la chose. Malheureusement lire les termes "féministes délirantes" sous la plume du Canard donne grave l'impression qu'il ne souhaite peut-être pas plus que la majorité des gens entendre le terme "troussage de domestique" , mais il ne veut pas non plus qu'on l'empêche de le penser. Le dire devant des millions de téléspectateurs, c'est mal, le pouffer au fond d'un bistro, c'est bien. Et pis c'est tout.

Or pour nous ce n'est pas tout, naturellement. Pour nous le présumé innocent DSK n'a présumément troussé personne, il a présumément VIOLÉ quelqu'une.

Lorsque l'accusation d'omerta sur les comportements sexuels délictueux voire criminels est sortie, le Canard s'est empressé d'écrire que l'information s'arrêtait pour lui devant la chambre à coucher pou se justifier de n'avoir rien dit du comportement inadmissible de DSK envers les femmes. Il n'a pas expliqué que les crimes sexuels sont trop difficiles à prouver et qu'il risquait le procès en diffamation, non il a sciemment insinué que le viol, c'est du sexe et rien d'autre. Et quand il y a sexe il n'y a pas crime. Donc le Canard se tient à distance des chambres à coucher. Terminus, tout le monde descend. Coucher = coucherie, coucherie = intimité, intimité = tabou. Or si un crime présumé a pu avoir lieu dans la chambre 2086 c'est précisemment parce qu'il n'y avait personne pour protéger une femme de chambre venue là pourquoi ? Pour faire le ménage (mais seulement "présumément" d'après la défense).

Alors que fait le Canard qui se drape dans sa discrétion de journal pétri de bonnes manières, il se tait sur l'affaire DSK, c'est une histoire de sexe. Cependant, oh surprise, dans son dernier numéro

une affaire de "sexe" est consignée dans ses lignes. Car mon cher journal satirique a trouvé important de publier en ces temps d'accusation de viol et un peu avant un procès sur lequel le monde entier à les yeux rivés à l'avance, le cas de monsieur Vamara Kanagaté (le nom est en toutes lettres parce que Mr V.K. cela aurait peut-être fait un peu arnaque et Mr Pierre Dupont, trop bateau) accusé injustement, d'après l'article, de viol. Le Canard ne parle pas de "sexe" mais a une histoire de fausse accusation en viol à donner en pâture à ses lecteurs/trices pour leur édification. Ce n'est pas la même chose ! Mis à part le fait qu'une accusatrice peut aussi revenir sur son accusation parce qu'elle a pitié de son persécuteur en voyant que la justice dépasse les bornes et y mêle une bonne dose de racisme, sans pour autant que l'accusé soit véritablement innocent, mais ce paramètre n'est pas évoqué, on s'en doute, on apprend qu'un homme quelque part a subi une accusation de faux-viol et que la jeune fille ayant eu des remords lorsque l'homme en question se serait retrouvé en prison puis à la rue et finalement si mal qu'il en est mort, aurait, au final, déclaré avoir menti. Quel parallèle saisissant ! Tout le portrait de DSK, pauvre, sans papier et bête noire de la justice francaise, lui aussi. On va découvrir pareillement tôt ou tard l'innocence de DSK mais il sera trop tard, peut-être sera t-il mort entre temps, ce sont des choses qui arrivent en vrai, mesdames et messieurs, le Canard peut donné un nom.

Le titre "L'erreur est inhumaine !" puisque ce monsieur est mort doit nous faire comprendre qu'un innocent accusé à tort paie toujours trop cher. Mais pourquoi choisir une affaire de viol à 15 jours de la comparution de DSK ? De faux-viol surtout ? Un pur hasard, bien sûr, seul les esprits mal tournés penseront le contraire. L'article est un chef-d'oeuvre d'impartialité : nulle précision sur la relation qu'entretenait le prétendu violeur avec sa prétendue accusatrice. Pas un mot du tout là-dessus. On ne saura pas si c'était une parfaite inconnue pour lui ou une petite amie de longue date. Nulle précision sur les circonstances de cette accusation, non plus, ce n'est pas le sujet, on vous dit. II est essentiellement question et du début à la fin de l'épouvantable calvaire de cet homme à partir du moment où la justice le condamna pour viol. Il n'est pas question de racisme. Il est question d'erreur qui s'avère inhumaine.
Mais que peut bien vouloir dire le Canard avec cet article ? Qu'un innocent a été accusé et condamné pour viol ? Mais cher Canard enchaîné, toi qui trouve que le viol est une affaire "privée", je m'étonne de voir cet article dans tes lignes ! J'espère dans l'avenir voir beaucoup d'articles concernant des accusations de viol et les procès qui ont été menés à ce sujet ! Je fais confiance en ton sens affiché de la justice pour nous parler des vraies violées et des acquittement au bénéfice du doute, des plaintes non retenues, des femmes qui se terrent, des femmes assassinées, et cetera... Tu n'en parles pas ? Ce n'est pas assez extraordinaire ? C'est vrai. C'est même quotidien. Dommage pourtant de ne pas le mettre en bémol à la fin de ton article pour ne pas donner une impression désastreuse de parti pris. Cela donne l'impression assez désagréable que tu veux amener tes lecteurs et lectrices à penser de la manière qui t'intéresse dans un contexte particulièrement brûlant. Un petit coup de pouce à DSK qui peut à peine se payer un avocat ?


En tout cas, on trouve dans le même numéro, ce charmant dessin qui signale explicitement à tous que les contempteurs/trices de DSK sont des mémères en uniforme de l'Armée du Salut à l'air mauvais, les yeux en boules de loto, l'air pincé et le menton proéminent qui ne veulent pas entendre parler de sexe tandis que les autres journaux s'en délectent, et ne parlent que de l'affaire DSK (ou de sexe c'est synonyme), sous-entendu : contrairement au Canard, pardon je veux dire à la Colombe enchaînée qui, elle, s'arrêtent TOUJOURS devant les portes des chambres à coucher numéro 2086.

Et donneur de leçons à la presse avec ça !

Tiens, il me rappelle Marianne je ne sais pas pourquoi...

Ah ! Au fait : le viol, l'une des multiples formes du sexisme, n'a rien de PRIVÉ. C'est un "Hate Crime", un crime de haine gynéphobe au même titre que les crimes racistes et antisémites. La Colombe enchaîné pourrait à l'occasion le souffler à l'oreille de ce bon (trop?) vieux Canard enchaîné : évoluer n'est pas s'émasculer.

Texte : Euterpe

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